L’essor de la mobilité électrique transforme en profondeur les habitudes des automobilistes, que ce soit en ville ou à la campagne. De plus en plus de résidents souhaitent installer une borne de recharge au sein de leur copropriété afin de faciliter l’usage quotidien de leur véhicule électrique.
Mais avant de pouvoir brancher sa voiture en toute sérénité, il convient de bien comprendre la réglementation en vigueur, le fameux droit à la prise, les démarches auprès du syndic de copropriété et toutes les obligations légales qui encadrent ce type de projet.
Qu’est-ce que le droit à la prise en copropriété ?

Le droit à la prise est une disposition légale permettant à chaque copropriétaire ou locataire de faire installer, à ses frais, une borne de recharge pour véhicule électrique ou hybride sur son emplacement privatif de parking. Cette avancée s’inscrit dans la dynamique de transition énergétique et vise à encourager l’équipement des immeubles collectifs en solutions de recharge adaptées.
Dans les faits, toute personne disposant d’une place attitrée (parking clos ou couvert) bénéficie de ce droit, sous réserve de respecter certaines obligations légales. La demande doit être notifiée au syndic de copropriété par lettre recommandée, exposant le projet et garantissant le respect des normes techniques, notamment la qualification IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicule Électrique). L’installation ne doit pas compromettre la sécurité ni perturber l’approvisionnement des autres occupants de l’immeuble.
Quelles sont les obligations légales pour installer une borne de recharge ?
Installer une borne de recharge dans une copropriété implique de suivre un cadre réglementaire strict. Les différentes lois françaises, dont la loi LOM (loi d’orientation des mobilités) et plusieurs décrets associés, ont clarifié les responsabilités pour favoriser l’équipement progressif des parkings collectifs. Selon la nature de l’espace concerné (privatif ou commun), les obligations légales varient sensiblement.
Pour garantir la conformité, l’installation doit être réalisée par un professionnel possédant la qualification IRVE. Si le dispositif concerne une place privée, les coûts sont entièrement à la charge du demandeur. En revanche, dès qu’il s’agit de pré-équipement du parking ou de mutualisation du système électrique, une décision collective en assemblée générale sera nécessaire. Enfin, les travaux doivent impérativement respecter les normes électriques nationales afin de préserver la sécurité et la stabilité du réseau collectif.
La loi LOM et ses conséquences en copropriété

Depuis 2019, la loi LOM impose que tout nouveau bâtiment doté d’un parking soit pré-équipé pour accueillir des bornes de recharge. Pour les bâtiments existants, elle facilite l’accès au droit à la prise et encourage la mise à niveau des infrastructures collectives. Ce texte favorise ainsi la planification de travaux anticipés, réduisant les surcoûts liés à des adaptations tardives et simplifiant la gestion des futures demandes individuelles.
Des décrets d’application précisent les modalités pratiques : répartition des coûts, exigences de sécurité, et organisation du dialogue entre copropriétaires et syndic. Ces mesures incitent fortement à envisager le pré-équipement du parking lors de rénovations importantes pour préparer l’arrivée progressive de nouveaux utilisateurs de véhicules électriques.
Précisions sur la qualification IRVE
Il n’est pas permis d’installer soi-même une borne, même sur sa propre place. La qualification IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicule Électrique) est obligatoire et garantit que l’installateur possède les compétences techniques requises pour réaliser une installation fiable, sécurisée et conforme aux normes. Cette exigence protège le réseau collectif contre les risques de détériorations accidentelles et assure le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité intégrés.
Faire appel à un prestataire certifié IRVE est donc indispensable et facilite l’obtention de l’accord du syndic de copropriété. En cas d’incident lié à une installation non homologuée, la responsabilité civile du copropriétaire pourrait être engagée. Présenter tous les justificatifs nécessaires accélère souvent l’instruction du dossier administratif.
Comment obtenir l’accord du syndic de copropriété ?
Avant d’entamer tout chantier, il faut informer le syndic de copropriété de son intention d’installer une borne de recharge via un courrier recommandé. Ce document doit présenter le projet, indiquer l’emplacement précis sur le parking, fournir une description technique de la borne, mentionner le nom du prestataire IRVE choisi et apporter la preuve du respect des normes de sûreté électrique.
Après réception du dossier, le syndic dispose généralement de trois mois pour répondre. Un refus doit obligatoirement être motivé, sinon il peut être contesté. Seules des contraintes structurelles majeures ou un risque avéré pour la sécurité collective peuvent justifier un rejet. Dans la majorité des cas, si la demande respecte le droit à la prise, elle progresse jusqu’au vote en assemblée générale si le projet impacte les équipements communs ou nécessite une mutualisation des installations.
Déroulement des démarches administratives
Les démarches administratives comportent plusieurs étapes : dépôt du dossier auprès du syndic, examen technique du projet, et parfois intervention d’un expert pour vérifier la compatibilité avec les parties communes. Le syndic se réfère aux règlements intérieurs et aux prescriptions techniques générales de l’immeuble pour statuer.
En fonction des conclusions, le projet peut être inscrit à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale. Après le vote, le procès-verbal officialise la décision, autorisant alors le lancement des travaux. Il arrive que certains délais supplémentaires soient nécessaires selon la période de l’année ou l’urgence du besoin exprimé.
Règles de vote en assemblée générale de copropriété
Si la pose concerne uniquement une connexion individuelle sans incidence majeure sur le réseau commun, le droit à la prise s’applique et aucun vote formel n’est requis. Toutefois, si le projet porte sur le pré-équipement du parking, la création d’une colonne montante ou la modification substantielle du réseau, une approbation par vote devient incontournable.
Selon la nature des travaux, la résolution est adoptée à la majorité simple (article 24 de la loi de 1965) ou, pour les chantiers lourds, à la majorité absolue voire qualifiée. Une bonne préparation du dossier et des réponses claires aux interrogations des copropriétaires facilitent grandement l’obtention du feu vert nécessaire.
Quel processus pour l’installation de la borne de recharge ?
Pour réussir l’installation d’une borne de recharge, il faut suivre plusieurs phases indispensables. D’abord, choisir un matériel adapté à la capacité du compteur général et à la fréquence d’utilisation prévue. Ensuite, opter pour une solution compatible avec les infrastructures existantes et anticiper la montée en puissance de la mobilité électrique dans la résidence.
Pensez également à la question du pré-équipement du parking : installer des canalisations électriques et des protections collectives permet de simplifier les futurs raccordements et d’éviter des interventions coûteuses en cas de multiplication des demandes. Plus la préparation en amont est soignée, plus l’installation se déroule rapidement et sereinement.
Travailler avec un professionnel qualifié IRVE
Solliciter un installateur titulaire de la qualification IRVE garantit la robustesse, la sécurité et la pérennité de l’installation. Avant la pose, ce professionnel réalise une étude approfondie du réseau électrique disponible et propose le type de borne le mieux adapté au profil du résident.
Les solutions actuelles incluent souvent des options intelligentes : protections différentielles, équilibrage dynamique de la puissance, gestion connectée de la distribution électrique. Après la pose, le technicien remet un certificat de conformité qui rassure le syndic et les assureurs, tout en constituant une pièce essentielle pour la gestion technique future de la copropriété.
Suivi de l’installation et maintenance
Une fois la borne de recharge installée, un suivi régulier est recommandé. Des contrôles périodiques par l’installateur IRVE ou une société agréée permettent de vérifier la conformité aux dernières normes et la fiabilité des mécanismes de sécurité comme la coupure d’urgence ou le délestage automatique.
Signaler rapidement tout dysfonctionnement au syndic facilite une intervention efficace et limite les conflits éventuels entre voisins. Certaines copropriétés choisissent de souscrire un contrat d’entretien annuel collectif, optimisant ainsi les coûts et garantissant la tranquillité d’esprit à long terme pour tous les usagers.
Financement et répartition des coûts de l’installation

Le mode de financement dépend du type de projet retenu. Pour une borne sur une place privative, l’ensemble des dépenses, achat, installation, attestations, revient au copropriétaire demandeur. Dès que le projet touche aux parties communes ou implique un pré-équipement du parking, la question de la répartition des coûts prend toute son importance.
Anticiper cette étape en élaborant un plan clair évite les tensions lors des discussions en assemblée générale. Plusieurs modèles existent : financement mutualisé via les charges de copropriété, recours à des aides publiques ou subventions, ou encore participation proportionnelle selon l’usage prévu. Chacune de ces options doit être validée par le syndic et les copropriétaires réunis.
Subventions et accompagnements financiers possibles
Certaines opérations bénéficient d’aides spécifiques proposées par l’État, les collectivités territoriales ou l’ADEME. Ces soutiens financiers allègent le coût du pré-équipement du parking ou de l’installation des bornes, rendant le projet plus accessible à l’ensemble des résidents.
Préparer soigneusement un dossier de demande de subvention constitue un avantage lorsqu’il s’agit d’équiper plusieurs places ou de lancer un projet collectif. L’accord du syndic de copropriété reste cependant indispensable pour inscrire ces financements dans le budget prévisionnel annuel et assurer le suivi administratif des démarches.
Répartition des coûts entre copropriétaires et utilisateurs
Dès que l’équipement est partagé, la répartition des coûts repose sur le principe d’équité. Elle peut s’appuyer sur la consommation réelle mesurée grâce à un compteur individuel, ou sur une estimation forfaitaire fixée par le syndic puis votée en assemblée générale, toujours dans le respect des obligations légales en vigueur.
Certains syndics privilégient un reversement facturé directement à l’utilisateur du service, tandis que d’autres optent pour une quote-part intégrée aux charges communes couvrant l’amortissement, la maintenance et la modernisation des équipements. Ce choix dépend du profil de la copropriété et de la fréquence d’utilisation constatée sur le terrain.
Difficultés potentielles et points d’attention à anticiper
L’installation d’une borne de recharge peut soulever des débats parmi les copropriétaires. Les principaux obstacles tiennent souvent au manque d’information technique, à la crainte d’une augmentation injustifiée des charges, ou à la méfiance envers de nouvelles obligations contractuelles induites par la modernisation énergétique.
Mieux sensibiliser les occupants à la réalité des besoins croissants facilite l’acceptation du pré-équipement du parking même si seuls quelques véhicules électriques sont présents. Organiser des réunions d’information, proposer des simulations financières et partager l’expérience de réalisations voisines participent à lever les doutes et à créer une dynamique positive autour du projet.
Garanties liées à la sécurité et à l’assurance
Il est essentiel de vérifier les exigences des compagnies d’assurance habitation et responsabilité civile impliquées. Certains contrats imposent des conditions particulières concernant la sécurisation du réseau collectif, la présence d’extincteurs adaptés ou un balisage spécifique des zones électrifiées.
Un dialogue direct avec l’assureur permet d’anticiper d’éventuelles obligations complémentaires, telles qu’un audit supplémentaire ou la pose de panneaux signalétiques. Ces ajustements évitent les mauvaises surprises en cas de sinistre et renforcent la cohésion entre voisins lors de l’accueil de nouveaux conducteurs de véhicules électriques.
Gestion pratique des multiples demandes

Dans les grandes copropriétés, il n’est pas rare que plusieurs résidents sollicitent simultanément l’autorisation d’installer une borne de recharge. Sans pré-équipement centralisé, le risque de saturation du tableau électrique et de surcharge du câblage augmente très vite.
Mettre en place une solution collective dès les premières demandes se révèle avantageux pour tous, y compris ceux qui ne projettent pas encore de rouler en voiture électrique. Statuer rapidement sur l’intérêt général permet de rationaliser les investissements, d’assurer la paix sociale et d’accroître durablement la valeur verte de la propriété.
